Aujourd'hui, notre pays s'est arrêté de tourner l'espace d'une minute pour s'unir, malgré toutes nos différences, et pleurer nos enfants tragiquement fauchés par le destin.

En tant que maman, il est facile de se mettre à la place des parents des petites victimes. Comment ne pas penser aux enfants montant dans le car, excités à l'idée de retrouver leurs parents et de leur raconter les merveilleux moments qu'ils ont passés au ski? Comment ne pas penser aux parents attendant avec impatience le retour de leur enfant, réveillés en pleine nuit pour leur annoncer la terrible nouvelle? Comment ne pas songer au calvaire des parents dans l'angoisse, ne sachant pas si leur enfant est décédé ou encore en vie, à ce long supplice des minutes qui passent sans apporter la moindre certitude? Comment ne pas avoir le coeur qui saigne aux cris et aux pleurs de ces enfants apeurés, blessés, appelant à l'aide dans ce tunnel? Comment ne pas pleurer face à la tragédie de 22 petites âmes qui s'envolent pour devenir 22 petites étoiles brillant dans la nuit? Comment ne pas avoir une pensée émue pour les enfants de maître Franck qui ne reverront plus leur papa et pour les enfants de madame Veerle qui ont perdu leur maman? Comment ne pas songer à la famille et aux proches des deux instituteurs, des deux accompagnatrices et des deux chauffeurs?

Nous sommes tous un peu des papas et des mamans des enfants de Lommel et d'Heverlee. Aujourd'hui, c'est un peuple tout entier qui maudit le destin de lui avoir enlevé 22 enfants qui avaient toute la vie devant eux.

Dans toute cette tragédie, peu de certitudes, si ce n'est le courage et le travail remarquable des secouristes suisses qui ont tenté de sauver un maximum d'enfants et qui ont accompagné les derniers instants de nos enfants partis trop tôt. Nous leur sommes infiniment reconnaissants. Mais aussi la cruelle absence à laquelle les parents devront faire face et avec laquelle ils devront apprendre à vivre et le traumatisme de ceux qui s'en sont sortis, certes blessés parfois grièvement, mais en vie. Ils devront tous apprendre à vivre avec cette question lancinante: pourquoi?

Au revoir les enfants, reposez en paix, nous ne vous oublierons pas. Je suis certaine que de nombreux parents penseront à vous et à cette tragédie en attendant le car qui doit leur ramener leur enfant d'un voyage scolaire.

Même si les mots ne peuvent adoucir la peine immense et indicible des parents, toutes mes pensées vont vers eux. Vous n'êtes pas seuls, tout un pays pleure avec vous.